Voici le récit du voyage de Jean-Jacques venu visiter l’Équateur seul pendant 2 mois. C’est est un amoureux de la nature (botaniste de surcroît) et il en a eu pour son compte en choisissant le pays aux 4 mondes. Au programme : Quito, l’Amazonie (bien profonde), les Portes de l’Amazonie (chez les Shuars), Cuenca, Loja, Podocarpus ou encore Puerto Lopez.
Pour commencer, sachez que je suis un petit veinard, pour mon anniversaire des 60 ans ma petite famille et quelques amis se sont cotisés et m’ont envoyé un chèque avec mention ‘pour un voyage où tu veux quand tu veux’, franchement autre chose qu’une cravate en soie ou un bon pour un massage… ma première idée était une virée aux Nouvelles-Hébrides (ou Vanuatu) mais les circonstances m’ont fait opter pour l’Equateur et très franchement non seulement je ne le regrette pas mais je suis carrément en train de prospecter pour y acheter un terrain et y monter un projet, c’est vous dire si ce pays m’a fait de l’effet !
Bref, une fois la destination choisie et les dates arrêtées (début mai à fin juin, tant qu’à faire faut pas mégoter…) quelques clics plus loin je tombe sur Léon et sur un blog de deux Réunionnaises relatant leur escapade en Amazonie. Il se trouve que je vis moi-même à La Réunion et qu’un précédent séjour professionnel en Guyane en tant que grimpeur d’arbres m’avait laissé un souvenir indélébile de cette forêt primaire fabuleuse. Donc contact par e-mail et peu après de vive voix une fois arrivé à Quito avec Valentin qui me confirme le sérieux et l’implication de l’équipe, dans la foulée rendez-vous est pris par mail avec Fernando, le ‘bon plan’ Amazonien…Quelques jours à Quito pour dérouiller mon Espagnol, goûter les excellentes spécialités locales et visiter l’incontournable (pour moi, mais je vous le recommande chaudement) jardin botanique du Parque La Carolina qui comporte une collection d’orchidées endémiques de premier ordre et ‘on the road’ !
Un premier arrêt à Tena et je profite d’un des bons tuyaux de Léon en dormant à la ‘Casa del Abuelo’ fort sympathique et bien tranquille. Tant qu’à être à Tena je prends un bus en direction de Misahuali et de la réserve biologique ‘Jatun Sacha’ intéressante au niveau plantes mais limitée en animaux, la réserve gère également un jardin botanique à 30mn de marche de là avec une belle collection de fruitiers et d’héliconias. Puis direction El Coca (officiellement ‘Puerto Francisco de Orellana’) pour y rencontrer Fernando et sa femme qui y faisaient un stage de renouvellement de la certification de guide, gage de sérieux. Une fois les dates et tarifs arrêtés rendez-vous est pris pour le lendemain à 7h histoire d’embarquer pour 8 heures de pirogue à moteur sur le Rio Napo jusqu’à Nuevo Rocafuerte et le parc Yasuni. La suite est un mélange de cris d’oiseaux, sentiers souvent boueux mais riches en rencontres botaniques et faunistiques, marches de nuit dans la forêt, délicieux repas préparés par Leiza, la femme de Fernando, nuits en tente au milieu de la forêt, ballades en pirogue à travers les lagunes,
Visite de communauté indienne et préparation de galettes de manioc, la totale! Fernando est non seulement très sympa mais fort calé en oiseaux, poissons et plantes (ok, je l’ai repris deux-trois fois sur les cryptogames et épiphytes mais je suis insupportable comme tout botaniste qui se respecte…). En plus j’ai eu la chance de faire cette ballade avec seulement deux autres touristes au début, un Américain et une Equatorienne, puis seul ensuite et du coup bien chouchouté ! Bref, une super expérience mais avec confort spartiate, si vous avez besoin d’un jacuzzi en fin de journée et de tartines grillées le matin ça va pas le faire, il faut pouvoir se passer de douches quelques jours et en revanche accepter de se faire rincer par les pluies pluriquotidiennes mais ça vaut vraiment le coup ! En plus il y a moins de moustiques que chez moi et pas de paludisme.
Pour plus de détails jetez un œil sur le récit de Nelly et Emilie ; http://www.tout-equateur-blog-forum.com/vos-carnets-de-voyage/immersion-en-amazonie-camping-au-coeur-du-yasuni/
Les meilleurs choses ayant une fin, je reprend la pirogue de Nuevo-Rocafuerte à Coca, petit arrêt pour se gaver de délicieuses larves grillées et de jus de guanabana puis en route pour Puyo, un peu plus bas vers le sud, toujours en région Amazonienne. Le bled a peu d’intérêt mais par contre il y a deux incontournables ; le jardin botanique ‘Las Orquideas’ et le parc ethnobotanique Omaere. Le premier, vous l’aurez deviné, est consacré aux orchidées mais pas que…le propriétaire a racheté plusieurs hectares à l’origine de pacages qu’il a transformé en forêt hébergeant des centaines de variétés d’orchidées bien sûr mais aussi d’héliconias, de broméliacées, de fougères, lianes, papillons, oiseaux et toutes formes de vie sauvage. La visite guidée est passionnante et se termine par l’impressionnante collection de photos d’insectes réalisées par le dit propriétaire.
Le parc Omaere est quand à lui tenu par un ornithologue Américain marié à une indienne Shuar, elle même spécialiste des plantes médicinales, autant dire que la visite censée durer une heure ou deux s’est transformée pour moi en une journée d’émerveillement et d’échanges passionnés ! Ajoutons que le parc est accessible à pied en 10mn depuis la ville. Ensuite Rio Verde, Banos, Riobamba et retour en Amazonie à Macas, petit bled légèrement en dehors des sentiers touristiques. Une agence locale (Tsuirim) me propose de passer quelques jours chez les Shuars (plus connus des Européens sous le nom de Jivaros…) en pleine forêt ce qui me convient tout à fait, ma tête en granit Breton ne risque pas de se faire réduire si facilement…Quelques heures de route jusqu’à la communauté indigène Buena Esperanza puis quelques heures de marche avec Bolivar et nous arrivons au lieu de vie de sa famille, quelques huttes de bambou et de paille au bord d’une petite rivière. Etant seul avec la petit famille cela m’a permis de vivre une véritable immersion dans leur quotidien et leur culture, les Indiens n’ont de fait guère besoin du monde extérieur si ce n’est pour des hameçons et machettes, la forêt leur fournit de quoi manger, se loger, se vêtir, se soigner et les innombrables esprits qui la peuplent les guident et les protègent, une sacré leçon de vie !
Et je repars direction Cuenca et son superbe musée ethnoarchéologique de la banque Pichincha, gratuit et vraiment très riche, flanqué d’un jardin botanique également de qualité.
Nouveau saut de bus (oui, de bus, pas de puce!) vers Loja et visite d’un autre jardin botanique, ‘Reinaldo Espinosa’, fondé en 1949 c’est le plus ancien de l’Equateur et il mérite au moins une demi-journée pour apprécier ses 7 hectares, vous pourrez y voir les espèces de Podocarpus endémiques du pays (ce sont des conifères tropicaux donc assez peu communs). Au départ de Loja il existe d’ailleurs un accès au parc Podocarpus qui sur 146280 hectares propose une diversité faunistique et botanique à couper le souffle, un véritable festival de colibris, toucans, orchidées, fougères arborescentes, le tout au milieu d’une végétation luxuriante qui se raréfie au fur et à mesure que l’on monte en altitude jusqu’à atteindre le paramo, zone plus dénudée. L’entrée du parc est gratuite, la visite peut se faire avec ou sans guide et les chemins permettent des ballades plus ou moins longues. L’étape suivante est Vilcabamba, à peine à une heure de bus, petit village idyllique qui a d’ailleurs attiré un certains nombre d’Américains et Européens qui s’y sont installés. Là aussi on peut atteindre le Podocarpus ce qui en permet une approche différente. Au départ de Zamora il existe également des accès à ce même parc mais dans sa partie Est, plus luxuriante encore. A 10mn du centre de Vilcabamba la réserve écologique Rumi Wilco qui propose des dizaines de sentiers à travers la forêt semi-sèche avec de très nombreuses plantes identifiées (nom botanique, famille, nom vernaculaire) qui va m’occuper trois jours d’affilée.
Et maintenant un saut non plus de puce mais de kangourou, je vais de Vilcabamba à Puerto Lopez sur la côte Pacifique dans la journée, alternant bus, minibus, taxis et pour finir mobylette à trois roues. Puerto Lopez n’a pas un charme fou mais c’est le point d’embarquement pour Isla de la Plata, également connue comme ‘les Galapagos des pauvres’, l’accès se fait en 80 à 100 minutes de bateau (les Galapagos sont à 1000km des côtes, donc plus loin et plus cher). Certes il n’y a ici qu’une seule île et pas de tortues terrestres ni iguanes mais en chemin on peut voir des baleines à bosse, des tortues marines et des pélicans et une fois sur l’île les sentiers permettent de rencontrer les étonnants fous à pattes bleues, oiseaux marins aux pattes palmées d’une couleur bleu azur tout à fait surprenante. Des crabes rouges, des lézards à rayures et des frégates à jabot rouge complètent le spectacle, le bateau nous éloigne ensuite du débarcadère pour du snorkling au milieu des tortues, des coraux et divers poissons multicolores. Après Puerto Lopez quelques jours plus au nord sur la côte à Canoa, très tranquille, où une petite mangrove abrite de nombreux oiseaux type grèbes, hérons, martins-pêcheurs, aigrettes, qui sont faciles à approcher et photographier avec un peu de patience bien entendu.
Et après deux mois de ce fabuleux voyage, retour à Quito, puis Madrid, puis Paris, puis La Réunion…Donc, que dire de l’Equateur? Deux choses; allez-y mais surtout prenez votre temps! C’est un pays rempli de gens adorables, accueillants, ouverts et honnêtes, la nourriture est variée, de qualité, très bon marché, les paysages à couper le souffle, les transports en commun en bon état de même que les routes et les chauffeurs! Sur la carte c’est un petit pays mais il y a énormément à voir, à vrai dire je me permettrais de faire la comparaison avec La Réunion; 80km du nord au sud et de l’est à l’ouest, on se dit qu’il suffira de quelques jours…De fait quand des amis me demandent si une semaine ou dix jours suffiront je leur réponds ‘restez chez vous’ ou venez au moins trois semaines, ça fait trente ans que j’y vis et suis loin d’avoir tout vu! Et pour en revenir à l’Equateur c’est vraiment une destination hors du commun et avec le coup de pouce de Léon, franchement allez-y et révisez votre Espagnol avant, les Equatoriens le méritent largement !
Jean-Jacques (Juanito para los amigos)
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