Nous sommes dimanche matin. C’est le moment le plus calme pour quitter la ville de Quito, au volant de son propre véhicule. Surtout, si le véhicule en question est un vélo ! On traverse la ville en toute tranquillité en direction de la vieille route. En prenant cette vieille route, on traversera les plus beaux paysages, tout en évitant la grande circulation. Mais pour l’instant, il faut pédaler pour dépasser les reliefs de la périphérie de Quito. Ce n’est pas gagné ! Depuis la hauteur du quartier « barrio el Mirador », la ville de Quito se détache des montagnes, telle une énorme broderie éclatante enfouie dans un cirque de montagnes. Les dernières rues sont si verticales que je fini ma grimpette en poussant mon vélo. Une dame qui vend des fruits au bout de cette rue, nous voit franchir la côte hors haleine. Avec un grand sourire, elle nous approche et offre une clémentine à chacun en nous disant « c’est ma façon de contribuer au sport ». Oh lala !!! C’est une générosité pleine de vitamines. Magiquement, le souffle revient ! Petit à petit, notre horizon ressemble à une mosaïque, des parcelles recouvrant les plus capricieux reliefs. L’état de la piste est excellent. Autour de nous, le calme règne. En passant par « el balcón suizo », avec le froid, les vaches et les moutons qui broutent sur les parois des collines, on pourrait se croire vraiment en Suisse. Mais nous sommes bien sous le ciel bleu Équatorien, et on sait que nous ne sommes pas loin de la plage, du soleil, de la chaleur ! Alors que l’après-midi commence, une forte pluie, très froide, nous oblige à faire un atterrissage forcé à Nono (30 km). L’endroit est tellement minuscule que c’est vraiment par chance que l’on trouve un hôtel, une chambre au milieu d’un grand jardin, une bonne douche, une petite soupe et une cheminée pour nous réchauffer et sécher nos vêtements. Ce fut un vrai régal. Nono est le plus petit village qu’on a vu sur toute notre route. Une longue rue bordée sur le flanc du volcan Pichincha, quelques maisonnettes, un hôtel-resto, une église, des jardins, une place et une population très discrète. Un authentique « rincon andino », pas très loin de Quito, où l’on mange le meilleur « locro » (délicieuse soupe de pomme de terre) de la région. De Nono à Mindo (+60 km), ce fut l’une de nos plus belles traversées. En quittant Nono, nous avons continué sur la vieille route, appelé localement « La Ecoruta, paseo del Quinde ». Encore une piste en très bonne état qui permet traverser une partie des Andes, dans le plus grand calme et par les plus jolis décors (viable aussi pour les voitures). Après la forêt de pins, viennent la forêt tropicale puis, « la forêt des nuages » (nom locale de cette promenade). Nous roulons entre fougères gigantesques, bananiers sauvages, toutes sortes de bambous et palmiers, ainsi qu’une multitude de plantes, fleurs et arbres aux feuilles anguleuses dont on ne connait pas le nom. Tout est vert autour de nous. Notre journée sera riche en rencontres : quelques colibris et papillons, un mille pattes un peu pressé, un ver de terre gigantesque (d’au moins 70 cm, sans exagérer) et… une sacrée bonne pluie, qui nous a empêchés de faire une photo du ver de terre. On arrive à Mindo, encore sous la pluie. La petite ville est en travaux et malgré la boue dans les rues, touristes et locaux circulent dans tous les sens. Pas étonnant de voir autant d’étrangers dans ce coin mythique du pays, tellement réputé pour sa nature. Heureusement à Mindo, il y a le choix pour les hôtels. Pour nous, ça sera au calme et à petit prix. Nous avons passé trois jours à découvrir la richesse de la biodiversité de cet endroit. A bord de la « tarabita » (télécabine survolant entre deux collines) nous avons survolé la rivière et le sommet des arbres, pour gagner la promenade des 7 cascades. Mais, le plus amusant a lieu loin de l’agitation : lorsque l’on essaye de distinguer les nombreuses espèces de papillons, de colibris et d’autres oiseaux. Sur la route au parfum de chocolat De Mindo vers Puerto Quito (80 km), la forêt des nuages et la forêt tropicale, continuent. Sur le chemin, on rencontre beaucoup de « jinetes » (cavaliers), transportant à dos des bêtes, le fruit des palmiers, riche en huile. Mais autre chose nous attire très particulièrement : les étalages de fèves de cacao, à répétition, séchant sur le bord de la route. Le pays produit quelques bonnes variétés de cacao, considérées parmi les plus fines de la planète. Par endroits, les grands panneaux affichent « se compra cacao » (ici, on peut acheter du cacao). Deux dollars pour une livre de fèves séchées de ce cacao qui sera acheminé vers Guayaquil pour un plus long voyage qui prendra fin dans les chocolateries européennes… La ville de Puerto Quito est toute petite et un peu moche. Mais à l’entrée de cette ville, nous avons déniché un petit endroit (hôtel le « Rincon del Caoni »), au bord de la rivière. Ces jolis bungalows et terrasses, dans le décor d’un magnifique jardin. On demande le prix, sans trop y croire : 20$ le bungalow pour deux personnes. Juste pour finir notre course en beauté ! Vers Quinindé (+70 km), le début de la chaleur. Les champs de cacao et les étalages des fèves, sont de plus en plus nombreux. L’atmosphère au parfum de chocolat nous donne envie de goûter une fève. Beaucoup moins bon qu’une bonne tablette Côte d’or… A l’entrée ou à la sortie des petits villages il y a toujours de marchés de fruits. Il nous faut demander aux gens pour connaître quelques noms (yufri, babaco, maracuya, borojó, guabas…) tellement ils nous semblent tous nouveaux. On se laisse tenter par quelques uns, on apprend que la pulpe du cacao se mange aussi. Miam, miam ! Quininde n’est ni plus joli ni plus intéressant que Puerto Quito mais après quelques heures de route, ça fait du bien de trouver une table pour se restaurer, une douche pour se rafraichir et un lit au calme pour se reposer. Ce soir, on retrouvera la mer, le Pacifique… Vers Esmeraldas (+95 km), il fait de plus en plus chaud et le paysage tourne de plus en plus tropical. C’est le festival des fruits. Avec un grand sourire, les jeunes des petits villages nous proposent des mangues et de la canne à sucre, coupés en petits morceau. Plus loin, dans un autre village, un groupe de gamins nous suivent à vélo pendant quelques bosses. Vers 17 heures, enfin le pont sur la rivière qui nous annonce que nous ne sommes plus très loin de la ville. Nous arrivons sur la plage de Las Palmas juste bien pour un magnifique coucher du soleil. Nous sommes dimanche, la longue plage est presque entièrement occupée par toutes les familles des alentours. Des bouts de bois entraînés par le courant de la rivière occupent aussi la plage, mais personne ne paraît gêné. En tout cas, ça fait du bien de revoir la mer…. A très bientôt sur la route Spondilus : de Atacames à Puerto Lopez